Un employé en moins à le dernière minute ? Cela se gère assez facilement... Deux, c’est un peu plus compliqué, mais c’est possible. Enfin, c’est possible si tu as une super bonne équipe et non pas un bras cassé qui n’a rien trouvé de mieux que de faire tomber toute une caisse d’œufs pourri dans l’entrepôt et de disparaître aussitôt. Le coupable ne ce n’est bien sûr pas dénoncé et personne ne semble savoir qui s’est... Une seule chose est certaine, sa bêtise à mis en arrêt un employé et surtout, risque de mettre à mal le tourisme. L’entrepôt n’étant pas loin des quais, l’odeur risque d’incommoder les premiers clients qui sont, qui plus aient, les plus riches.

Je pourrais demander aux autres de faire des heures supplémentaires, certes, mais cela coûterais et je sens déjà le comptable râler, alors va, je vais me remonter les manches et le faire. J’aurais pu m’en occuper seul, mais en passant devant les labos, j’eus une vilaine petite idée en tête. Après tout, ce parc n’était pas que mon bébé à moi non ? ~ Alors autant faire travailler aussi ce bon vieil Edward ! Bien entendu, je ne lui ai pas vraiment dis ce que nous allions faire. Il me semble que j’ai plutôt usé d’un peu de ruse en lui parlant “d’un œuf qui valait le coup d’œil”. Un œuf pourri, certes, mais ça, j’avais omis de le dire. Cela semblait plus logique que je lui parle d’œuf de Pokémon ou d’animaux dont il a besoin pour ses essais génétiques que de ceux dont l’odeur empeste non ?  

A peine les portes de l’entrepôts fut-elles ouvertes que l’odeur me piqua le nez et me noua l’estomac. Beurk.... Le sol était jonché de coquille cassé, de blanc glissant et de jaune éclatés qui entouré une caisse de bois allongé sur le côté. On pouvait encore voir la marque au sol de l’endroit où le pauvre employé avait glissé en essayant de corriger les erreurs de son collègue inconnu.  

Je fis une petite tape à l’épaule d’Edward, conscient qu’il allait me maudire avant de feinter l’innocence :

“Ah ba ça alors, je ne m’attendais pas à ce genre d’œuf là... Mais bon, maintenant qu’on y est, autant ramassez tout ça non ? ~  Et puis, ton labo ne risque pas de s’envoler pendant ton absence ! Les clients qui financent une partie tes recherches par contres.... Vu l’odeur … c’est possible...”

Bon certes, ça ressemble à une petite menace mais je sais très bien que si je le pousse pas un peu, je vais être le seul à me salir !

“Comment ça un œuf qui vaux le coup d’œil ?” Lançais-je alors à celui que je devais accepter être mon patron.

M'affairant à mes travaux depuis de nombreuses heures, celui-ci était ainsi rentré dans mon labo, l'air enjoué, mystérieux même, me mettant quelque peu la puce à l'oreille. Pourtant, cette histoire m’intriguait grandement. Était ce là le premier œuf pondu par nos propres pokémon ? Ont-ils vraiment déjà atteint leur maturité sexuelle ? J'en doutais guère, pourtant par pure curiosité, je me fis entraîner par Lowis.

Le suivant d'un pas assuré pour rattraper ses enjambées, notre destination ne m'offrit bien plus de questionnement que de valable réponse, du moins jusqu'à notre arrivée. Faisant face à un entrepôt, notre entrée en son sein fut relativement violent, du moins pour mon odorat. Frapper aux sinus par une odeur fétide, déclenchant au passage quelques nausées, mon impassibilité en prenant un coup, mais il faut dire que les odeurs sont plus accommodantes que certaines situations.

S'approchant de moi et me tapotant l'épaule, Lowis d'un ton moqueur me fit rapidement comprendre qu'il semblait compter sur moi pour m'occuper de ce bazar écœurant. Cachant au mieux mon dégoût, sans compter que sa main m'avait légèrement secoué, je vins à chercher à lui répondre, mais sur le moment, mon dernier repas n'était pas du même avis que moi et me prenant vers l'entrée, je vins à y vider une partie de mon estomac.

Reprenant mes esprits et un minimum d'air respirable, je m'essuyai la bouche et me retournai vers Lowis à l'intérieur de l'entrepôt.

“Lowis Reign, si tu comptes vraiment que je vais m'occuper de ça, tu te mets le doigt dans l’œil.” Lançais-je en me frottant la bouche et en le pointant du doigt. “Tu as du personnel pour ça ! ” Poursuivis-je. “Tu m'as peut-être évité la prison et permis de réaliser mes projets, mais en aucun cas, tu me feras faire un chose comme ça. Je suis chef de Labo, pas un préposé aux balais.”

Ce serait mentir que de dire que je ne fus pas amusé de le voir repeindre encore d’avantage le sol, même si cela revenait à avoir encore plus de nettoyage. Enfin, je souris, je souris, mais il est vrai que l’odeur qui avait été enfermé jusqu’à là entre le mur de taule et sous la chaleur étouffante avait de quoi faire régurgiter même les plus grands.

Pointé du doigts, j’eus droit à mon nom en entier – que cela sonne toujours bizarre à mon oreille ! - suivit d’une mise au point qui me fit un peu pouffer de rire. Ah, aller, même s'il ne me suivait pas, ça réaction aurait suffi pour être mon petit plaisir de la journée.

“Et je suis Directeur Général, pas agent d’entretien ~ .”

Je lui lançais un balais brosse – lui laissant le loisir de le rattraper ou non – avant de dérouler le tuyau de nettoyage et de l’allumer. Je m’arrangeais alors pour verser le liquide sur le chemin que je me faisais jusqu’à la caisse. Bien entendu, il fallait quand même que je l’embête un peu encore, histoire de me faire oublier l’odeur autant que la vue désagréable de ses œufs pourris, écrasés, brisés et éparpillés.

“Tu m’en voudra si jamais j’utilise les vidéos des caméras de surveillance pour rajouter ton rejet au best-off de l’île ? ~”

Ce qui me fit penser, par ailleurs, qu’il faudrait que je les visionne pour découvrir qui était le maladroit de service.... Y pensant, je ne fis pas spécialement attention à mes pas. Ma chaussure glissa sans mon accord sur l’une des coquilles, envoyant ma jambe vers l’avant, mon dos vers l’arrière et mon cul part terre. Ouatch ! Je ne me doutais pas que le sol était si dur dans cet endroit ! Ni aussi gluant et mouillé...

Ne semblant pas disposé à baisser les bras en ce qu'il s'agissait de mon refus d’obtempérer, le Directeur semblait lui-même prêt à se salir les mains pour nettoyer ce merdier monstre et puant. Reprenant de plus en plus d'assurance face à cette odeur pestilentielle, le patron vint à me jeter un balai quasiment au visage. Le saisissant avec panache, mon interlocuteur semblait vouloir en plus me faire chanter avec les caméras de surveillance et la malheureuse aventure de mon estomac. Marmonnant quelques insurrections à son égard, Lowis qui s’empressa de prendre un tuyau d'arrosage, vint à malencontreusement perdre l'équilibre. S'affaissant de tout son poids sur son postérieur, je ne tardai pas à répliquer.


“Évidement, il en va du même acabit pour toi !” Lançais-je alors avec un large sourire. “Je crains que ses bandes ne tarderont pas à disparaître.” Poursuivis-je alors.

Me résignant sur le moment, je ne perdais tout de même pas l'idée de venir me venger un jour, qui sait, un jour peut être, un Grotadmorv fera irruption dans son bureau. En tout cas, n’attendant pas qu'il se relève et ne souhaitant pas lui apporter un quelconque coup de main, je commençais alors à user de se ballais sur le sol collant de ce maudit entrepôt.

Frottant ardûment cette mélasse malodorante, j’avançais minutieusement sur ce sol devenu en sorte, une quelconque patinoire. Passant ainsi de long et éreintante minutes à œuvrer pour le bien commun en compagnie de l'autre empoté qui avait reprit pied, je ne tardai pas à tout de même me poser une question.

“Tu n'as pas une idée de l'abruti qui est en cause de ce foutoir, j'aurais bien deux mots à lui dire avant que tu ne le vires !” Lançais-je alors avec mépris tout en passant le balai.

Ah karma, quand tu nous tient ! Bien entendu, Edward ne se gêna pas pour prendre ma chute comme monnaies d’échange contre toute disparition de vidéo compromettante. Il ne perdait pas le nord celui-là, même dans ce genre de situation.

Néanmoins, j’avais atteint mon but, car même s'il ne l’avait pas souhaité, le voici qui s’acharnait sur le sol avec son balai brosse comme s'il allait pouvoir en enlever même la couleur. Pour ma part, je m’étais redressé et après avoir bien tout mouillé et éparpiller du produit de nettoyage dont l’odeur de menthe jurait avec le reste, j’étais parti chercher un sac dans lequel déposé toutes les coquilles et autres débris.

“Juste deux mots ? Moi qui pensait que tu voudrais peut-être t’en venger en l’utilisant dans tes recherches ~ Tu veux pas créer un Mr Mine ?”

J’avais répondu de façon taquine à sa demande tout en me demandant intérieurement et sérieusement s'il allait finir par me demander aussi des cobayes humains un jour pour tenter de reproduire les espèces à l’apparence plus “humaine”. Déjà que c’était une bataille juridique sur ceux, animal, dont on avait besoin... Je n’imaginais même pas alors pour ce cas-là ! Nul doute qu’il faudrait alors le préparer dans le plus grand secret. Est-ce que j’étais prêt à aller jusqu’à là. Oh oui... Je comptais bien remplir mon Zoo de toute les espèces Pokémons possible. Pour l’instant, il était vrai que les espèces qu'ils avaient réussis à créer étaient encore assez faible, et surtout issu de la branche des insectes, mais c’était un début. Je me demandais aussi, d’ailleurs, s'ils allaient vraiment évoluer... Ou si, cela aussi, il allait falloir le créer.

Enfin, quoi qu’il en soit, à deux, ce nettoyage ne devrait pas nous prendre trop de temps ! Si on ne s’en sortait pas trop sali, je me ferrais pardonner d’un petit café, enfin, si Edward pouvait encore mettre de côté son travail cinq minutes...

M'affairant toujours à cette maudite corvée, Lowis ne tarda pas à me demander ce que j'allais faire de ce bougre qui était à l'origine de ce massacre. Me venger, oui, de là à en faire un cobaye, tout de même pas.

“Tu crois vraiment que je suis un connard à ce point-là, non. De plus, l'éthique nous l’interdirait, et même toi ne pourrait pas nous défendre contre cela. Le génome humain doit rester là où il devrait être, dans un labo dédié au domaine médical. Tu le sais, je sais de quoi je parle, j'ai travaillé pas mal d'année en laboratoire médical, ayant même fait partie de groupe de recherche qui ont permis de traiter certaines maladies pré-natales. Donc je suis peut-être un connard, mais si vraiment tu veux un Mr.Mime ou une Lippoutou, je n'ai uniquement besoin que de génomes issue d'espèce de primates, donc aucunement de cobaye. Par contre, cette abrutie pourra servir de mannequin vivant le jour où nous devront tester les attaques pokémon sur le corps humain, cela pourrait être marrant. ” Lançais-je calmement avant d'aboutir sur un petit rire mesquin.


Poursuivant notre profession temporaire, nous ne tardâmes longtemps pas à en finir. Reniflant mes vêtements de mon odorat perturbé par les anciennes odeurs de pourriture et l'actuelle senteur de menthe qui n'était pas non plus de mon goût. Reposant le balais contre un mur, je me tournais alors vers Lowis.

“ Je vais rentrer à mon appart me changer, mais surtout aussi prendre une bonne douche. Donc si tu as encore un truc à me demander, garde-le pour toi ça serait gentil. Si c'est vraiment urgent, ça attendra que je revienne à mon labo, on est d'accord là-dessus ? ”

Ah vraie dire, je ne savais pas ce qui était le pire, prendre un homme en cobaye et lui trafiquer l’A.D.N. ou le torturer en usant des capacité Pokémon sur lui ? Fort heureusement pour eux, nos Pokémons actuels avaient des “attaques” qui ne faisaient pas encore bien mal. On ne savait même pas encore s'ils allaient vraiment pouvoir évoluer ou non, ou encore s'ils allaient vraiment pouvoir apprendre d’autres attaques. Pourtant, je ne doutais pas qu’Edward avait dû travailler bien dur pour que ce soit le cas, quitte à en arrêter de dormir ou de manger.

“Tout de suite les grands mots ~ Quoi que nous sommes tous le connard de quelqu’un non ? Encore plus si on torture les gens à coups de capacité.”

J’en riais un peu tout en continuant le nettoyage. A deux, il ne nous fallut pas bien longtemps et si après, le dépôt semblait comme neuf, nous, au contraire, sentions encore l’œuf pourri et la menthe javélisé. Je comptais bien faire comme Edward d’ailleurs en me prenant un bon bain avant de me changer. Certes, j’aurais pu lui faire la taquinerie de partager la douche ensemble mais il me semblait avoir assez supporter de plaisanterie pour la journée. Souriant, je lui fis alors juste signe qu’il pouvait y aller s'il le souhaitait.

“Je crois que le reste n’est pas urgent ou du moins, que je peux m’en charger sans toi. Vas-y donc, je te rejoindrais au labo avec un café pour me faire pardonner ~ Et voir un peu si tu as des choses nouvelles à me montrer.”

Ouai, enfin, vraiment, à me “montrer” car tout le langage scientifique de création, je n’y comprends rien. Il pourrait m’expliquer pendant trois heures sur quel problème il bosse que la seule chose que je retiendrais serais surement seulement l’espèce possible d’être créé avec la solution.. Et encore...